[MUSIQUE] Malgré le chemin parcouru, bien des femmes ont encore des progrès à faire sur le plan financier, avec un patrimoine géré et un salaire inférieurs à ceux des hommes. Selon les données de Statistique Canada, les femmes ne gagnent que 0,74 $ quand les hommes gagnent un dollar. Ma prochaine invitée explique l’importance pour les femmes d’acquérir davantage de confiance et d’aptitudes pour pouvoir se constituer un patrimoine et atteindre l’indépendance financière et la façon d’y parvenir. Ingrid Macintosh, vice-présidente, Gestion de Placements TD, est avec moi en studio. Ravie de vous accueillir. Ravie d’être de retour. Les choses ont beaucoup changé. À une époque, le pouvoir économique de la femme était lié à son état civil. C’était il y a longtemps. Dans quelle mesure est-ce que ça a changé? Considérablement, sur plusieurs plans. Tout d’abord, les femmes surpassent les hommes pour le nombre de diplômes universitaires obtenus aujourd’hui. En tout juste 30 ans, le nombre de femmes qui obtiennent un diplôme postsecondaire a plus que doublé. Quant à la proportion de femmes dans la population active, c’est 82 % aujourd’hui de la population active, un chiffre stupéfiant, quand je pense à ma mère, qui travaillait dans les années 50. Les femmes ne représentaient alors que 15 % de la population active. Imaginez le chemin parcouru en l’espace d’une génération! Enfin, pour ce qui est de la richesse qui est entre les mains des femmes, on évalue à quelque 1,3 trillion $ le montant géré par les femmes dans notre système financier, et ce montant est appelé à croître de façon importante. On estime que d’ici 2026 il dépassera les 3 trillions $, du fait que les femmes héritent souvent deux fois. C’est beaucoup d’argent dans beaucoup de bonnes mains. Je dirais que tout ça semble excellent, que ça va super bien pour les femmes, mais ce n’est pas nécessairement le cas, n’est-ce pas? Non, il y a deux ou trois difficultés. Malgré d’énormes progrès pour ce qui est d’obtenir un emploi et de le garder, il subsiste de nombreux écarts. Certains sont d’ordre économique, d’autres, d’ordre comportemental. Voyons d’abord les réalités économiques. Malgré d’énormes progrès sur le plan des études, les femmes ne gagnent toujours que 0,74 $ quand les hommes gagnent un dollar. Deuxièmement, les femmes ont généralement des obligations en dehors du travail pendant leur vie active, qui font qu’elles peuvent devoir s’absenter pour s’occuper de leurs enfants, d’une personne âgée, etc. En moyenne, les femmes sont absentes du marché du travail 12 ans pendant la durée de leur vie active, de sorte qu’elles obtiennent moins d’avancement, atteignent moins les échelons supérieurs. Seulement 20 % des femmes occupent des postes de direction ou 20 % des postes de direction sont détenus par des femmes. Vous pouvez aussi voir que 60 % des femmes-- je déteste cette statistique-- n’ont pas de plan financier mis par écrit. La première partie de l’entretien concernait les réalités économiques, mais vous avez raison, la réalité comportementale, c’est que les femmes ne préparent pas bien leur avenir financier. Il leur manque le plan financier, si vous voulez. Pour rejoindre ce que vous dites, seulement 48 % des femmes célibataires ont un conseiller, contre 84 % des femmes ayant un conjoint et 61 % des hommes célibataires. Et ce qui n’aide pas, c’est qu’un homme a deux fois plus de chances qu’une femme d’être contacté par un conseiller. Les femmes ne s’investissent pas, ne bâtissent pas la confiance nécessaire pour atteindre l’indépendance financière en prenant elles-mêmes les décisions. Une statistique surprenante-- dont nous avons discuté plus tôt-- c’est que, non seulement les femmes n’ont pas progressé comme elles l’auraient dû, vu l’argent qu’elles ont gagné et le pouvoir économique qu’elles commencent à avoir, mais elles ont aussi un plus grand besoin d’argent, du fait qu’elles vivent plus longtemps. Tout à fait. Les femmes vivent quatre ans de plus en moyenne et ont tendance à marier des hommes plus jeunes, de sorte qu’elles risquent d’avoir à prendre seules leurs décisions financières pendant 10 ou 15 ans. 90 % des femmes, à un moment donné dans leur vie, seront l’unique décideur, du fait que leur mari sera décédé. Si vous ajoutez à cela le fait que, pendant leurs années de vie active, elles n’auront gagné que 0,74 $ au lieu d’un dollar, qu’elles auront probablement quitté la vie active pendant un certain temps, il y a de fortes chances qu’elles aient à prendre les choses en main un peu plus. C’est sérieux, et je pense que les gens-- je parle beaucoup de ça aussi-- le fait qu’à un moment donné dans leur vie ce sont elles-- les femmes, qui prendront en main leur bien-être financier, avec personne d’autre. Ça va arriver. C’est inévitable. Oui. Quand je parle aux milléniaux et m’informe au sujet de leurs parents ou parle des parents d’autres gens et demande si leurs mères, si vous voulez, ont des discussions à ce sujet, beaucoup d’entre elles disent... non, non, c’est la responsabilité de mon mari. Je songe à ça, même dans mon propre ménage, je travaille dans les services financiers depuis plus de 30 ans, j’ai conseillé des régimes de retraite quant à la gestion de leurs fonds, néanmoins, dans mon propre ménage, mon mari a pris en main les placements des REEE de nos enfants et même de nos propres REEE. Je peux comprendre comment ça se produit. C’est une division naturelle des responsabilités, n’est-ce pas? C’est ça. C’est ça, n’est-ce pas? Les femmes délaissent cette responsabilité, mais, quand vous songez aux étapes dont nous avons parlé, vous constatez la nécessité pour les femmes de commencer à prendre en main leur avenir financier. Et la chose cruciale que vous avez mentionnée aussi, c’est que ce n’est pas une question de connaissances, de manque de connaissances. C’est une question de confiance. C’est une question de confiance. Seulement 10 % des femmes estimeraient s’y connaître extrêmement bien en matière de finance, contre 44 % des hommes. Peut-être que les femmes n’ont pas investi de temps, mais je suis pas mal certaine que l’écart n’est pas si grand en matière de connaissances financières. Il y a là une question de confiance ou de volonté de faire les premiers pas, de poser des questions et d’acquérir la confiance en soi dans le domaine financier. Parlons des étapes suivantes. Au vu de tout ça, et vous écoutez, vous voulez changer les choses, qu’est-ce qui peut être fait? Tout d’abord, se mettre à poser des questions. Les femmes acceptent plus volontiers les décisions prises, surtout si leur partenaire leur sert de conseiller financier; elles acceptent souvent les décisions que prenne leur partenaire. J’encourage les femmes à poser des questions dans une telle situation et à acquérir des connaissances. Deuxièmement, s’adjoindre un conseiller. Se trouver un conseiller. Je pense à mon propre cas, j’avais beaucoup de connaissances en placements, de par mon expérience, mais le conseiller financier a néanmoins aidé notre famille dans les dossiers délicats concernant par exemple les enfants du conjoint. Comment réfléchir à un testament? Les choses de ce genre. Travailler avec un conseiller financier vous aide à savoir où vous en êtes sur le plan financier, si vous allez être prête ou non ou quelles sont les mesures à prendre. Le troisième élément est la confiance. Si les femmes prennent le temps soit d’acquérir des connaissances soit de travailler avec un conseiller, elles vont acquérir de la confiance en soi en matière de finance, et ça va leur permettre de prendre les décisions qui feront en sorte qu’elles seront préparées quand viendra le temps. [MUSIQUE]