INGRID MACINTOSH : Bonjour et bienvenue à TDAM Talks. Aujourd’hui, on va parler de l’un de mes sujets favoris. On parle des obligations à revenu fixe. Les obligations sont de retour, les taux de rendement. Les rendements sont de retour dans les titres à revenu fixe. On va passer les 15 à 20 prochaines minutes à discuter du contexte des titres à revenu fixe, du contexte des taux et, plus précisément, de la manière dont les investisseurs peuvent envisager les titres à revenu fixe dans leurs portefeuilles. Dans le balado d’aujourd’hui, j’ai le plaisir d’être accompagnée de Michael Augustine, à la tête de la division des Titres à revenu fixe de Gestion de Placements TD et qui gère plus de 175 milliards de dollars d’actifs; et de Ben Chim, gestionnaire de portefeuille principal, qui dirige également notre équipe Titres à revenu fixe à rendement élevé et, de façon plus générale, nos stratégies de crédit ici, une partie très distinctive de nos activités liées aux titres à revenu fixe ici à Gestion de Placements TD. On va avoir aujourd’hui cette grande discussion sur les taux à la fois pour les investisseurs avertis et pour les nouveaux sur le marché des titres à revenu fixe. Et, comme toujours, on va finir avec quelques questions, alors, pour ça, assurez-vous de rester des nôtres. Michael, bienvenue.
MICHAEL AUGUSTINE : Un plaisir de revenir, Ingrid.
INGRID MACINTOSH : OK. Alors, le mois dernier, Dave Sykes, notre chef des placements, a participé au balado, et on a désormais des perspectives très positives pour les obligations. Et on a utilisé le slogan du rendement des titres à revenu fixe. J’adore ça. Les obligations sont de retour. Fin de la privation. On va peut-être approfondir un peu et expliquer tout ça à nos auditeurs. Pouvez-vous nous dire ce qu’on entend par rendement des titres à revenu fixe?
MICHAEL AUGUSTINE : Oui. Alors, c’est intéressant. Alors, en ce mois de janvier, c’est vraiment le moment idéal pour revenir sur l’année dernière. Beaucoup de volatilité et en quelque sorte on voit où la poussière s’est déposée, n’est-ce pas?
INGRID MACINTOSH : Mhm.
MICHAEL AUGUSTINE : Pouvez-vous croire que le marché obligataire canadien a enregistré un rendement de 7 % l’an dernier? Probablement...
INGRID MACINTOSH : L’an dernier ou le mois dernier?
MICHAEL AUGUSTINE : Le mois dernier. Eh bien, c’est une très bonne question et un très bon point de vue, vraiment, parce qu’il y a eu beaucoup de volatilité, et une grande partie s’est produite au cours du dernier mois de l’année. Si je repense à l’an dernier, le début d’année a été plutôt calme. On a traversé les tensions du secteur bancaire, et on a pu voir que la croissance mondiale s’est révélée assez résiliente. Le marché de l’emploi s’est bien comporté. La demande des consommateurs demeure forte. Les banques centrales ont été capables de réduire l’inflation de manière significative, passant de 8,1 % à environ 3 %. Mais on n’arrêtait pas d’entendre le mot « difficile » l’an dernier, n’est-ce pas? Et l’inflation était un défi. Et ça a surtout poussé les marchés à augmenter les taux tout au long de l’année. Et ensuite, en fin d’année, on a commencé à s’inquiéter des déficits et de la dette américaine. On s’inquiétait de l’émission d’obligations, et ça a encore aggravé les choses et fait grimpé les taux encore plus, n’est-ce pas? C’est intéressant. Vers la fin de l’année, on avait constaté ce virage. On entend souvent dire que la politique monétaire fonctionne avec des décalages longs et variables. Je pense que les choses ont évolué, mais que ça a pris plus de temps que prévu. On a commencé à observer ce changement dans les banques centrales à la fin de l’année et un formidable coup de fouet pour les rendements en novembre et en décembre.
INGRID MACINTOSH : Je pense que c’est intéressant quand on parle de rendements et de titres à revenu fixe, parce que les titres à revenu fixe ont toujours été une composante stable et fiable du portefeuille d’un investisseur. Et réellement, depuis 15 ans, depuis la crise financière, vous n’avez pas été récompensé pour votre sécurité. Les gens ont eu ce genre de rendement inférieur au réel sur les titres à revenu fixe, et puis on a ressenti les contrecoups de la fin de l’année 2022 et du début de 2023, lorsque le marché s’est presque stabilisé, ce qui a causé ces difficultés financières. Alors, je pense que ça a plutôt pesé sur les obligations. Elles ont été soit paresseuses, soit pénalisantes au cours des 15 dernières années. On se trouve maintenant dans une excellente situation où les obligations génèrent un rendement et deviennent favorables en faisant ce qu’elles sont censées faire pour le portefeuille des investisseurs, c’est tout simplement extraordinaire. Ben, bienvenue au balado. C’est votre première fois.
BEN CHIM : Merci de m’avoir invité, Ingrid. Je suis heureux d’être ici.
INGRID MACINTOSH : Maintenant, parlez peut-être un peu à nos auditeurs de votre rôle à Gestion de Placements TD. Je l’ai évoqué au début, mais parlez peut-être de votre parcours, de votre rôle ici et comment nous appliquons le crédit à nos portefeuilles.
BEN CHIM : Bien sûr. J’ai débuté ma carrière en 2000. J’ai l’impression que ça fait longtemps. En plein pendant la bulle technologique, et avant, bien sûr, le 11 septembre, WorldCom et tout le reste. J’ai donc traversé pas mal de ces cycles, et ce n’est certainement pas mon premier rodéo. Mais j’étais analyste de crédit et j’ai commencé dans une agence de notation. Je suis passé du côté des placements et j’ai travaillé pour l’un des plus importants gestionnaires de fonds communs de placement au Canada en 2005, là, j’ai vraiment commencé ma carrière en m’intéressant aux obligations à rendement élevé en particulier. Et je me suis alors focalisé sur les obligations à rendement élevé depuis un certain temps. Je suis passé à GPTD en 2008, juste avant la crise financière. Je suis sûr que vous vous en souvenez, Ingrid. Et j’ai été analyste, Obligations à rendement élevé et gestionnaire de portefeuille à GPTD pendant un certain temps. J’ai travaillé occasionnellement dans un fonds de couverture de titres à revenu fixe en gérant le crédit à cet effet. J’ai géré des obligations de qualité investissement et à rendement élevé pour un autre petit gestionnaire indépendant canadien avant de revenir à GPTD en 2018. Je suis ici depuis six ans, et ma fonction ici est assez simple – eh bien, je suppose que c’est aussi simple que les obligations. Je suis le gestionnaire principal d’obligations de sociétés, et en pratique, mon équipe et moi-même, on est responsables de tous les portefeuilles mondiaux de qualité investissement et à rendement élevé de la gamme de Gestion de Placements TD. Et en termes d’activités quotidiennes, ça implique de travailler avec notre équipe de gestionnaires de portefeuille, en collaborant avec l’équipe chevronnée de recherche sur le crédit. On doit vraiment essayer de trouver des occasions d’ajouter des rendements additionnels, trouver des opportunités de rendement dans des situations d’obligations particulières et, grâce à ça, créer des portefeuilles qui peuvent ensuite répercuter ces rendements supplémentaires à nos clients. Par exemple, grâce à notre pondération des titres de créance de base Plus, on peut obtenir un rendement d’environ 4,9 %, soit environ 60 points de base ou 0,6 point de pourcentage de plus que le marché obligataire canadien. On y parvient grâce à ce qu’on fait sur les marchés du crédit et au travail qu’on y effectue. Pour ajouter de la valeur, on doit faire preuve de diligence raisonnable. On rencontre toutes les équipes de direction avec lesquelles on investit. On essaie de déterminer les équipes de direction qui sont les plus compétentes, celles qui sont prudentes et celles qui sont un peu plus audacieuses. On doit être compensés pour ça. C’est une grande partie de ce qu’on fait, en réfléchissant aux actifs qui se trouvent derrière les entreprises avec lesquelles on investit. Quelle est la qualité de ces actifs? Quelle est l’importance, l’étendue de cette base d’actifs? Ont-ils un avantage concurrentiel? S’agit-il d’un avantage concurrentiel régional, d’un avantage en matière de réputation ou de technologie, qui permettra vraiment aux entreprises de générer des flux de trésorerie disponibles et une rentabilité à long terme? C’est donc très important. Et bien sûr, le contexte macroéconomique, comme vous l’avez mentionné, est vraiment essentiel. Simplement, qu’est-ce qui se passe avec l’économie mondiale et qu’est-ce qui se passe avec les économies individuelles dans lesquelles on investit, et qu’est-ce que ça implique sur le plan de la répartition sectorielle. Les secteurs vont-ils bien se comporter? Quels secteurs vont se détériorer? Comment doit-on se positionner? Et puis, comment penser à la qualité de nos folios? Doit-on rechercher le rendement, en essayant de générer un rendement élevé pour nos clients, ou doit-on être un peu plus sur la défensive et vraiment se préparer au pire? Voilà toutes les choses auxquelles on réfléchit.
INGRID MACINTOSH : Je pense que vous l’avez très bien compris, car à Gestion de Placements TD, on est des gestionnaires de titres à revenu fixe à gestion active. Pour de nombreux gestionnaires, c’est essayer de prévoir l’orientation des taux d’intérêt, ce qui est sans doute incroyablement difficile. Ce que j’entends ici, c’est qu’à Gestion de Placements TD, on procède un peu différemment, c’est-à-dire qu’on utilise le pouvoir de nos recherches et qu’on crée des portefeuilles à rendement plus élevé chaque jour grâce à une pondération plus élevée des titres de créance, des titres de qualité investissement et même, dans certains cas, des titres sans cote de solvabilité, pour créer des portefeuilles à rendement plus élevé jour après jour. Est-ce que j’ai bien compris?
BEN CHIM : Oui, bien sûr. Je veux dire, quand on pense aux rendements dans le domaine des titres à revenu fixe, le rendement est le plus…
INGRID MACINTOSH : Eh bien, ils existent maintenant, alors, c’est une bonne nouvelle, n’est-ce pas? Pas depuis longtemps, mais oui.
BEN CHIM : Oui, et c’est une excellente occasion pour les investisseurs et leurs portefeuilles. Et je pense que vous avez entièrement raison. Le rôle des titres à revenu fixe et des obligations de sociétés en particulier est d’offrir la stabilité et la prévisibilité des rendements que l’on n’obtient pas parfois sur les marchés boursiers en raison de la volatilité ici et là. Et c’est juste un exemple de notre façon d’envisager les choses en ce moment sur le marché. Si vous regardez les 18 derniers mois, on a traversé ce contexte d’inflation très élevée en ce qui concerne les coûts. Et, bien sûr, les taux d’intérêt ont également beaucoup augmenté. Et ça a eu un impact négatif assez important sur les sociétés défensives par rapport aux sociétés cycliques. Pensez simplement à votre société défensive typique. C’est votre fournisseur d’électricité, votre entreprise de télécommunications. Votre facture d’électricité, votre facture de câble n’a pas augmenté de 6 % ou de 7 % chaque année, n’est-ce pas? Elle a été contractée, alors, elle n’augmente pas beaucoup et elle est réglementée. Les sociétés défensives ont donc subi une certaine pression sur leurs marges, bien plus que ce qu’on a constaté pour les sociétés cycliques. Et pour nous, ça crée une occasion, car les obligations ont inscrit un rendement inférieur. Les actions ont inscrit un rendement inférieur. Et si on peut obtenir ce rôle de protection auprès de sociétés qui sont en réalité très stables et dont les rendements sont très prévisibles, voilà le placement à revenu fixe idéal qu’on souhaite trouver. On a alors vraiment concentré nos efforts sur la recherche d’occasions dans les secteurs plus défensifs ces temps-ci.
INGRID MACINTOSH : Oui, ces gestionnaires de titres à revenu fixe ne se contentent pas d’offrir à nos clients l’exposition au contexte des taux et à ce rendement. Mais vraiment, c’est comme ça que vous cherchez très activement ces occasions, surtout sur le marché canadien des titres à revenu fixe, ce continuum du crédit. Il n’y a pas beaucoup de diversification. Vous commencez à parler des services publics. Qu’en est-il du secteur bancaire? Comment vous sentez-vous face à ça? Parce que je sais que les banques représentent une grande partie de notre secteur du crédit.
BEN CHIM : Oui. Ce que je veux dire, c’est que les banques sont intéressantes parce qu’elles ont fait un peu moins bien en raison de toutes les préoccupations entourant les services bancaires d’investissement et le manque de revenus qui en découle. Bien sûr, les marges de taux d’intérêt nettes subissent des pressions. Mais une grande partie de cette préoccupation est prise en compte, et la réalité pour les grandes banques, en particulier les grandes banques de centres monétaires aux États-Unis et au Canada, c’est qu’elles ont des franchisés très solides. Elles vont générer un bon revenu, et elles sont très stables à long terme. Il nous semble tout à fait logique d’avoir un peu plus de rendement maintenant pour investir dans ce secteur et profiter un peu de cette volatilité. Il faut faire preuve d’une certaine prudence quant aux perspectives économiques, ce qui pourrait créer de la volatilité en ce qui a trait aux rendements bancaires sur le marché obligataire. Mais pour ce qui est de la qualité de ce qu’on vous prête, vous dites que la plupart des banques canadiennes sont classées A pour ce qui est des placements de premier rang, et que vous obtenez des rendements qui se rapprochent du triple B. En fait, c’est une proposition assez intéressante en ce moment.
INGRID MACINTOSH : Oui. Vous m’avez en quelque sorte fait descendre la courbe de crédit quand vous avez commencé à utiliser le triple B. Pouvez-vous nous dire un peu comment cette qualité quasi sans cote de solvabilité, comment ça génère un certain rendement supplémentaire dans les portefeuilles et quelles sont vos perspectives pour ce segment de marché?
BEN CHIM : Oui, tout à fait. C’est un contexte intéressant en ce moment, car, comme vous le savez, la croissance ralentit, comme nous l’avons mentionné, et les taux d’intérêt augmentent. Et ça a certainement entraîné une certaine détérioration, si vous voulez, de la qualité du crédit. Mais dans l’ensemble, les choses sont plutôt optimistes. Dans l’ensemble, le marché a été assez solide sur le plan des fondamentaux. Et, je pense, ce qui a surpris la plupart des investisseurs, c’est que la plupart des entreprises ont tenu le coup. Plus précisément, la vigueur de l’économie a permis aux consommateurs de continuer de dépenser. Les entreprises continuent d’employer des travailleurs, ce qui leur laisse beaucoup de marge de manœuvre, beaucoup de temps pour bien gérer leur bilan, gérer ce contexte de coûts plus élevés en utilisant leurs flux de trésorerie discrétionnaires pour rajuster leurs prix de base et leur bilan. Ainsi, les sociétés en mesure de le faire sont généralement dans la gamme de qualité supérieure, et sont plus grandes et plus diversifiées. Alors, quand vous parlez des occasions de placement et de votre objectif pour obtenir ces rendements plus élevés, on considère l’intersection entre le double B et le triple B comme une sorte de juste équilibre entre les sociétés diversifiées, qui disposent de nombreux d’outils qu’elles peuvent utiliser en liquidités si les choses deviennent plus difficiles dans un marché financier plus tendu, tout en vous donnant encore de bons rendements. C’est pour ça qu’on aimait beaucoup les entreprises hybrides. Elles vous procurent des rendements de 7 % à 8 %. Un grand nombre de doubles B très bien positionnées et de doubles B défensives, comme mentionné plus tôt, vous donnent des rendements de 70 % sur un marché où la volatilité des taux d’intérêt est importante. Il y a beaucoup de volatilité dans le contexte macroéconomique. Je pense qu’il est très intéressant d’obtenir ce rendement en ce moment.
INGRID MACINTOSH : Et avoir plus de coupons dans votre portefeuille réduit de ce fait la volatilité des rendements au fil du temps, je pense, n’est-ce pas?
BEN CHIM : Absolument.
INGRID MACINTOSH : On a parlé du crédit. On a parlé de l’accent particulier mis par GPTD sur la surpondération constante du crédit pour obtenir des rendements plus élevés. Mais je vais vous le rappeler, Michael, que le principal facteur de rendement des titres à revenu fixe est le contexte des taux. Je sais que c’est ce que tout le monde écoute probablement. Qu’est-ce qu’on pense du contexte des taux? À quoi ressemblera 2024? Quelles sont vos perspectives?
MICHAEL AUGUSTINE : Oui, ça tombe à point nommé. On a reçu la Banque du Canada ce matin. Je vais peut-être y revenir. Mais quand on pense à nos prévisions de taux, elles sont vraiment liées à notre vision de l’inflation. Au début de l’année, on prévoit que l’inflation avoisinera les 3 % au premier trimestre. Elle commence donc à descendre de 8,1 % à 3 %. La situation reste tendue à moyen terme. On s’attend à ce que l’inflation baisse entre 2,5 % et 3 %. Et puis finalement, à l’approche de 2025, on commencera à atteindre l’objectif de la Banque, soit environ 2 %, dans cette fourchette d’exploitation de 1 % à 3 %. Si on y réfléchit, à la fin de l’année, si on pense aussi aux prix pratiqués sur les marchés, je pense que les marchés ont pris une longueur d’avance. Alors, une réduction de 150 points de base cette année, c’est agressif. On se situerait probablement à peu près à la moitié, du moins en termes de taux administrés à court terme. Et puis quand la banque commencera à réduire, on pourrait même voir une situation où il s’agirait d’une réduction, d’un rebond, d’une réduction, d’un rebond. Elle pourrait donc prolonger son cycle de réduction. Ça nous amènerait peut-être à trois ou quatre réductions d’ici la fin de l’année. Si je pense que c’est l’extrémité de la courbe, on a aussi persévéré dans un contexte d’inversion de la courbe des taux pendant longtemps, et ce n’est pas normal. Dans le cadre d’une baisse des taux administrés à court terme, on s’attend à ce que la courbe des taux s’accentue un peu. À plus long terme, les taux à 10 ans, si on constate qu’ils baissent d’environ 25 à 50 points de base, ce serait probablement conforme à nos prévisions pour la fin de l’année. Il s’agit alors de revenir à une forme un peu plus normale sur la courbe des rendements. Il y a aussi un certain potentiel d’appréciation du capital avec des taux qui baissent un peu.
INGRID MACINTOSH : D’accord. Et, en quelque sorte… Je pense qu’il est très important que nos auditeurs comprennent. Vous pensez à un marché boursier. Les actions montent. Vous obtenez votre rendement en obligations. Vous avez votre rendement, qui se situe à un peu moins de 5 % dans un portefeuille en ce moment, ainsi que la possibilité d’une plus-value du capital. Alors, si je vous ai compris, 25 à 50 points de base, est-ce que ça pourrait être de 2 à 3 % dans le haut de la fourchette, est-ce qu’on attend des gains en capital dans les portefeuilles?
MICHAEL AUGUSTINE : Oui. Je pense que l’an dernier est un bon exemple. On a enregistré une moyenne entre 4,25 % et 4 % sur le FTSE TMX tout au long de l’année, mais on a généré un rendement de 7 %. On a alors publié un document l’an dernier. Restons calmes et poursuivons.
INGRID MACINTOSH : Tout à fait.
MICHAEL AUGUSTINE : Et en fait, c’est le portage, n’est-ce pas? C’est ce revenu additionnel qui est maintenant de retour, et ce portage va vous donner 4 % à 4,25 % du rendement moyen du FTSE de l’an dernier. Mais d’où vient le reste? Eh bien, il provient d’une certaine plus-value du capital et aussi de certaines évaluations du côté de la rémunération du crédit. Les titres de créance se sont donc bien comportés. On a également constaté une certaine compression des taux, ce qui a été favorable au rendement. Alors, si on regroupe tout, on recommence l’année à environ 4,25. Pensez à la direction qu’on va prendre en fin d’année, on va avoir un peu de portage. Mais encore une fois, il est très important de délaisser les quasi-liquidités et de prendre des obligations qui offrent un potentiel de plus-value du capital très important. Et quand on entend les banques centrales, comme aujourd’hui, répéter que ce changement s’en vient et que la prochaine étape serait une baisse des taux, on pense que le moment est bien choisi pour le faire.
INGRID MACINTOSH : Oui, et je pense qu’on n’est jamais vraiment opportunistes à l’égard des obligations, car elles sont le point d’ancrage d’un portefeuille. Mais je pense que face au contexte des taux d’intérêt, qui est presque revenu à la normale après 15 ans de maintien à des taux faibles par les banques centrales, ce choc des prix a pesé sur le chemin du retour à la situation actuelle, c’est-à-dire les obligations qui génèrent un rendement. Mais il y a eu ce choc des prix que les gens ont ressenti, et je pense que vous commencez à y faire allusion. Dans bon nombre de nos canaux, on a constaté une forte tendance à mettre l’accent sur les CPG ou les instruments de type CPG, que ce soit sur le plan psychologique ou simplement sur le plan des taux. Alors, peut-être ont-ils pris une certaine valeur refuge ou se sont-ils sentis mieux à l’égard du rendement garanti, mais avec les changements des banques centrales à venir, ces placements ne seront pas éternels.
MICHAEL AUGUSTINE : Absolument. En revanche, à mesure que les banques centrales commencent à réduire les taux administrés à court terme, on va continuellement réévaluer à la baisse les taux crédités sur les CPG. Je pense donc que c’est assez proche ou analogue à la période où les taux hypothécaires augmentaient, et si vous êtes en variable, quand l’avez-vous bloqué? Je ne suis pas certain que tout le monde ait eu la discipline de le faire au moment où les taux étaient au plus bas. Vous savez? C’est très semblable. Au fur et à mesure que les taux baisseront, ces taux de crédit à court terme diminueront également.
INGRID MACINTOSH : Oui. Eh bien, je ne peux pas imaginer ça assez tôt de ce côté-ci de la maison. C’est donc une excellente perspective pour les taux. Et puis, Ben, on en a parlé un peu, mais je veux juste avoir une idée où – on est optimistes à l’égard des taux absolus et des rendements absolus. Et du côté du crédit?
BEN CHIM : Oui, on est aussi très constructifs en matière de crédit également. Je dirais un peu moins que sur les taux, mais quand on pense au crédit, l’avantage, c’est que vous profitez en quelque sorte de l’excellente opportunité que vous offrent les obligations d’État, et que vous obtenez un peu plus en termes de rendement en raison de la solidité des fondamentaux et que vous en tirez parti. Ce qui nous préoccupe un peu au sujet des titres de créance, bien sûr, ce sont les évaluations, les écarts de crédit ou la prime de risque de crédit pour posséder des obligations de sociétés qui se sont maintenues à des niveaux assez bas au cours des 10 dernières années. Ça représente environ 100 points de base pour les obligations américaines de qualité investissement, soit 1 %. Ça représente environ 370 points de base, soit 3,7 %, et ce qui illustre très bien, je dirais, presque avec certitude, qu’on va obtenir un atterrissage en douceur et des écarts à mi-cycle plus importants qu’à une fin de cycle. Alors, même si on est toujours d’avis, notre scénario de base est que les choses se dérouleront plutôt bien, il est probable que les choses s’affaiblissent un peu, ce qui pourrait entraîner un élargissement de l’écart. Il y a donc un risque de volatilité, mais en même temps, comme Mike et vous l’avez mentionné, il y a aussi le côté positif de la hausse des taux et de la baisse des taux qui en découle. Alors, lorsque vous parlez du rendement de 5,3 % pour les titres de qualité investissement et de 7,8 % pour les titres à rendement élevé, on peut voir que c’est réalisable compte tenu de ces chiffres, et peut-être même d’un peu de potentiel de hausse.
INGRID MACINTOSH : Oui, et je pense que je veux double-cliquer sur quelque chose là pour nos auditeurs. Vous avez parlé de cette différence entre la façon dont un investisseur est récompensé pour les titres de créance de qualité investissement et les titres de créance à rendement élevé, comme près de quatre fois l’écart d’après ce que vous dites là. Et ça témoigne vraiment de la puissance et de la valeur de la recherche indépendante sur le crédit et de la capacité, dans ce monde de titres à rendement élevé et de risque sans doute plus élevé, d’être en mesure de repérer les noms que vous pouvez ajouter au portefeuille pour créer ce rendement toujours plus élevé chaque jour, ce qui est formidable. Les obligations sont donc de retour. Les rendements, en fait, sans rémunération pour détenir des obligations. Nos perspectives à l’égard des taux sont positives. On est optimistes à l’égard du crédit, alors, c’est une bonne nouvelle. Je ne laisserai jamais mes invités partir sans avoir à répondre à certaines de nos questions en rafale. Je vais commencer par vous, Michael. Et, Ben, vous pouvez intervenir si vous le souhaitez. Le premier mot en rafale est récession.
MICHAEL AUGUSTINE : Oui. Alors, sur le plan technique, j’imagine, deux trimestres consécutifs de PIB négatif. Au troisième trimestre, le PIB au Canada a été négatif de 1,1 %. Le Canada s’attend actuellement à une croissance lente. Les chiffres ne sont pas disponibles pour le quatrième trimestre. Ça pourrait être positif ou négatif, alors, je pense que le marché est presque à 50/50 pour ce qui est de savoir si on aura ces deux trimestres consécutifs. Mais ce que je dirais, c’est que les obligations produiraient un rendement supérieur dans un contexte de récession. Alors, si la récession est légère, ça accélérera probablement les baisses de taux. Si la récession s’accentue, ça les accélérera davantage. Et même si on est optimistes au début de l’année, encore une fois, on aura ce portage. Je pense donc que dans toutes les situations, si je réfléchis à la récession, pour moi, c’est le bon moment pour investir dans les obligations pour cette diversification et cette sécurité aussi.
INGRID MACINTOSH : Ça me plaît. Et les perspectives de récession sur le crédit?
BEN CHIM : Eh bien, je suis d’accord avec Mike sur la direction qu’on prend à cet égard. Ce que je dirais, c’est que lorsqu’on observe le contexte des bénéfices et celui des sociétés, il n’y a pas vraiment de secteur particulièrement préoccupant, et ça va entraîner un affaiblissement. Alors, si les choses deviennent plus difficiles qu’une récession légère, il faudra quelque chose de plus que ce qu’on constate aujourd’hui dans le contexte actuel. Quand on parle de gestion active, c’est vraiment essentiel de continuer à la surveiller et c’est quelque chose qu’on gère constamment dans nos portefeuilles.
INGRID MACINTOSH : On n’aurait pas pu prévoir ce qu’on a vu au cours des dernières années, alors, ma prochaine question en rafale porte sur les tensions mondiales. Il se passe beaucoup de choses dans le monde. Qu’est-ce que vous en pensez, Mike? On n’aurait pas pu prévoir l’Ukraine. On n’aurait pas pu prévoir ce qu’on voit depuis le 6 octobre.
MICHAEL AUGUSTINE : Oui. Des événements humanitaires absolument horribles. Quand on pense à des choses qu’on ne peut pas prévoir et à la volatilité des marchés, encore une fois, du point de vue de la construction du portefeuille, je pense que la diversification est la défense contre ce qu’on ne peut pas anticiper. Et quand je pense aux obligations, leur rôle est important dans un portefeuille diversifié. Encore une fois, je reviens sur ce fait que, là où on en est en ce moment dans le cycle, les obligations constituent une partie importante de ce portefeuille.
INGRID MACINTOSH : En tant qu’investisseur en obligations, je veux vous considérer comme un pessimiste, mais ce n’est pas ce que vous me dites aujourd’hui. Toutes les routes ne sont pas bonnes. Une dernière question, et je sais que celle-ci pourrait être délicate, mais aux États-Unis, on se dirige vers une année électorale. À quoi ça pourrait ressembler pour les investisseurs, et à quoi devrait-on penser?
MICHAEL AUGUSTINE : Oui. Je peux commencer, et vous pourrez certainement intervenir si vous avez quelques idées. Je sais qu’Alex Gorewicz, qui fait partie de notre équipe, me rappelle souvent les écarts de taux sur les obligations d’État. Et quand on regarde aux États-Unis, ils se sont en fait élargis. Je veux dire, c’est une indication des préoccupations du marché à l’égard d’un émetteur souverain. Et ils sont en fait à des marges de 10 ans. Ils expriment en quelque sorte leur inquiétude. C’est quelque chose à quoi on est attentifs. Compte tenu de la situation à l’heure actuelle, on dirait qu’il s’agit d’un second tour ou d’une répétition des dernières élections. Et si on réfléchit à ce que ça signifie pour les marchés, on peut en quelque sorte le résumer aux aspects géopolitiques et politiques. Je pense donc que tout ce dont on vient de parler sur le plan géopolitique doit être analysé en fonction des réactions de chaque administration face à certains événements qui se produisent en ce moment. Et du côté de la politique, je pense qu’on se concentre sur des choses comme le commerce, les droits de douane, la relocalisation et l’« amilocalisation ». On examine également les secteurs où les dépenses gouvernementales sont plus élevées en ce moment. Qu’est-ce que ça signifie? Je pense qu’on va analyser tout ça tout au long de l’année. C’est quelque chose dont on va parler toute l’année. Mais encore une fois, je pense qu’en ce qui concerne la volatilité, c’est à ce moment-là que vous vous tournez vers cette diversification, et ce sera certainement aussi une de ces années volatiles.
BEN CHIM : Et juste pour ajouter quelque chose de plus micro en termes de secteur spécifique, mais quand on réfléchit à la façon dont on gère les différents secteurs et à leur rendement au cours d’une année électorale, l’un des secteurs qui s’en tire habituellement assez bien est celui de la publicité, car les dépenses politiques commencent à décoller. Et c’est un secteur qui a connu des difficultés au cours des dernières années, alors, c’est un domaine où on cherche constamment de la valeur potentielle. En revanche, les soins de santé sont toujours un sujet électoral d’actualité. C’est donc un domaine où on travaille un peu plus étroitement. Et bien sûr, sur le plan géopolitique, comme Mike l’a mentionné, les expositions liées aux marchés émergents et tout le reste vont être très volatils. On a alors en quelque sorte un peu reculé cette année également.
INGRID MACINTOSH : Messieurs, merci beaucoup. Beaucoup de sujets ont été couverts. J’espère que nos auditeurs comprennent clairement que le contexte des titres à revenu fixe est bien meilleur qu’il ne l’a été depuis un certain temps. Les perspectives semblent positives sous tous les angles, et on aura certainement davantage de conversations au cours de l’année sur le lien avec les titres à revenu fixe. Ben, Michael, merci beaucoup de vous être joints à nous.
BEN CHIM : Merci de l’invitation.
MICHAEL AUGUSTINE : Merci, Ingrid.
INGRID MACINTOSH : Et merci à tous nos auditeurs d’avoir été à l’écoute aujourd’hui. N’oubliez pas que vous pouvez maintenant vous inscrire à notre balado sur Spotify, Google, Amazon ou Apple pour être sûr de ne pas manquer nos dernières conversations. Merci et bonne journée.
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